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HISTOIRE DE L’ECOLE MILITAIRE INTERARMES


 
 

A – Les écoles d’armes et la formation des Officiers semi-direct avant 1942.

B – Les écoles Inter-Armes pendant la seconde Guerre Mondiale.

C – L’EMIA des origines à nos jours.
 


A – Les écoles d’armes et la formation des Officiers semi-direct avant 1942.

     La défaite de 1870 souligne la faiblesse du corps des Officiers notamment des deux tiers d’entre eux qui sont d’origine rang. Le manque d’instruction de ces officiers formés sur le tas, dans les casernes ouau combat est flagrant. Des conséquences de1870 et des réformes qui s’imposent vont naître différentes écoles d’armes ou les officiers semi-directs ou rangs recevront une formation spécifique à leur futur commandement.
 
 

  • Les Ecoles Militaires d’Infanterie.
     Entre 1875 et 1879, une école au camp d’Avord à côté d’Aix-en-Provence recrute des sous-officiers dans la région d’Aix puis dans toute la France pour former en 12 mois des chefs de section. Proposés par les chefs de corps et désignés par le ministre les aspirants entrent sans examen d’entrée. A l’issue de leur scolarité ils rejoignent leur régiment d’origine.
     Le 4 février 1881, le décret organisant l’Ecole Militaire d’Infanterie de Saint-Maixent est signé.

     L’entrée se fait sur concours et le choix de l’affectation en fonction du classement final.

     Le 20 avril 1881, les 375 sous-officiers de la première promotion intègrent. Le but de l’école comme il est dit dans l’article 1 est de « compléter l’instruction militaire des sous-officiers jugés susceptibles d’être nommés sous-lieutenants ».

     Le 4 août 1914, la 34° promotion quitte l’Ecole avec deux mois d’avance pour rejoindre le front. Les 432 élèves de la 35° promotion nommés aspirant le 10 août 1914, n’intégreront que le 2 novembre 1919 au nombre de 178.

     Dans l’intervalle 1914-1920, Saint-Maixent a formé des chefs de section au rythme de pertes de l’infanterie qui concentre neuf dixième des pertes de l’Armée de Terre. Au cours de cette guerre 2621 Saint-Maixentais sont tombés au Champ d’Honneur, fidèles à leur devise :

« LE TRAVAIL POUR LOI, L’HONNEUR COMME GUIDE »
     Le 23 octobre 1925, l’école prend l’appellation d’Ecole Militaire d’Infanterie et des Chars de Combat (EMICC) mais l’enseignement alors dispensé ne s’en trouve que très peu modifié.
     En 1928, une seconde année de formation est ajoutée. En plus de parfaire les connaissances des élèves, cette seconde année sera surtout l’occasion de tisser des liens entre « l’ancien » et son « cadet » et ainsi de créer une continuité entre les promotions.

     Le 25 juin 1940, l’armée Allemande entre dans Saint Maixent. Dans le cadre de l’armée d’armistice, l’Ecole de Saint-Maixent et l’Ecole de Saint-Cyr sont regroupées à Aix. Commandement unique mais formations distinctes. Trois promotions s’y succédèrentavant sa fermeture par les Allemands le 27 février 1942.
 
 

  • Les Ecoles Militaires de Cavalerie. 
     En 1873, l’école qui auparavant, suivant les régimes politiques en place s’était appelée Ecole Royale puis Ecole impériale de Cavalerie, prend un nom nouveau et son commandant, le Général du BARAIL réforme cette vieille institution. Dans les nouveaux statuts, il est notamment spécifié, qu’elle a pour charge : « de donner à un certain nombre de sous-officiers, aspirants à l’épaulette, la somme de connaissance que tout officier de cavalerie doit posséder ».
     Le stage dure 18 mois du 1er avril au 30 septembre de l’année suivante.

     Le premier cours débute le 16 avril 1874 et regroupe 56 candidats. Bien qu’elle n’en porte pas le nom, ce sera la première promotion. De 1873 à 1882, 9 s’y succèdent selon les mêmes règles. Leur effectif varie de 49 à 90. Les élèves sont détachés de leurs corps pour la durée du stage. Les premiers sont nommés sous-lieutenant et les suivants, attendent une vacance de place. Le classement se fait sur le contrôle continu et l’examen de sortie. Les non classés rejoignent leur régiment avec le grade de maréchal des logis .

     En 1877, le Général GALLIFFET dira que la priorité doit être donnée aux candidats plus anciens, « ayants donnés dans leur corps, la mesure complète de leur caractère et de leurs aptitudes ». Le 5 avril 1883, une décision présidentielle modifie le recrutement des élèves qui désormais doivent tous passer un concours commun. Pour s’y présenter, il faut au moins deux ans de grade au 31 décembre de l’année du concours.

     En 1914, les élèves de la promotion 1913-1914 rejoignent avec enthousiasme leurs affectations. Les quelques semaines de guerre de mouvement montreront que les Officiers de cavalerie Français ont reçus une bonne formation et qu’ils se comportent très bien sous le feu de l’ennemi. Lorsque la guerre de position s’installe, sur les 6000 officiers de cavalerie, 5000 seront détachés de leur arme dont 4000 dans l’infanterie.

     Pendant les hostilités, l’école formera des EOR, puis en 17, elle sera prêtée aux Américains qui y installent un école d’artillerie.

     Dans l’entre deux guerres, Saumur refuse de prendre en compte les chars et l’aviation de reconnaissance afin de ne pas « briser l’allant de ses cavaliers ». Comme pour les saint-maixentais, l’enseignement se modifie et la scolarité passe à deux ans (décret du 15 novembre 1927).

     La Loire 1940 : Les 19, 20 et 21 juin les EOR de la cavalerie et du train combattent contre les Allemands de la 1° division Hippomobile de la Wehrmacht. Cette action leur vaudra le titre glorieux de Cadets de Saumur.

     Dans le cadre du repli des écoles au sud de la ligne de démarcation après l’armistice, l’école est transférée à Tarbes. La nouvelle « Ecole Militaire de la Cavalerie, du Train et de la Garde » y restera jusqu’au 27 novembre 1942 avant de fermer définitivement ses portes.

  • Les Ecoles Militaires d'Artillerie.
     En 1874 chaque corps d'armée a sa propre école d'artillerie. Celles-ci assurent entre autre le "développement des connaissances scientifiques et techniques des officiers de l'arme, ainsi que celle des sous-officiers qui paraissent capables d'accéder au grade d'officier".
     En temps de paix, les écoles ont la charge du matériel de mobilisation du corps d'armée et des écoles à feux. En temps de guerre, elles se mobilisent et une partie reste au siège pendant que l'autre constitue le parc d'artillerie du corps d'armée qui livre, répare et entretient le matériel roulant de toutes les armes.

     Le 10 janvier 1884 est créée par décret l'Ecole militaire d'artillerie et du génie de Versailles. L’admission se fait sur concours pour les sous-officiers ayant deux ans de grade au 31 décembre. Les candidats reçus sont promus Sous-lieutenant et dirigés sur Fontainebleau pour y achever leur formation d'officier d'artillerie, les autres reviennent dans leur corps de troupe pourvus du grade qu'ils avaient avant leur entrée à l'école.

     En 1903, quatre de ces écoles sont dissoutes et deviennent des dépôts de matériels d'artillerie.

     C’est en 1912, lorsque l'école devient trop petite pour assurer la formation du génie et de l'artillerie que les artilleurs partent pour Fontainebleau. Elle y reste jusqu'en 1922 date à laquelle elle devient aussi trop petite. La formation des officiers d'active et de réserve est alors déplacée vers l'école de Poitiers. Le 21 juin 1940, ordre est donné à l'école de rejoindre Castres. Le 8 août 1940, l'école est recréée à Nîmes où elle subsiste jusqu'en novembre 1942.
 
 

  • Les Ecoles Militaires du Génie.
     La perte de la Lorraine en 1871 transfère l'école du génie de Metz à Fontainebleau où les artilleurs font 10 mois avant de rejoindre leur corps de troupe. L'école du génie, ayant besoin d'espace, se déplace pour gagner Versailles en 1912. Ce choix est motivé par le fait que deux régiments de l'arme y tiennent garnison et que la proximité de Paris assure les ressources scientifiques et techniques.
     La première guerre mondiale met en lumière la grande qualité des officiers du génie et des cadres fournis par l'Ecole de Versailles qui reçoit son drapeau le 5 mars 1927 décoré de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre 14-18.

     Parallèlement, l'école de Versailles nourrit en son sein une spécialité qui ne s'émancipera qu'en 1942, la spécialité "transmissions".

     En 1940, l'école est repliée en Avignon et le Rhône remplace le petit canal pour les exercices de pontage jusqu'en 1942, date à laquelle elle ferme ses portes devant l'avancée allemande.
 
 

  • Les Ecoles Militaire du Train.
     Conjointement formés avec les Officiers à Saumur pendant des décennies, les Officiers du train, reçoivent ensuite une formation dans les écoles de Versailles (1884-1912), de Fontainebleau (1912-1923), et de Poitiers après 1923.

B – Les écoles Inter-Armes pendant la seconde Guerre Mondiale.

  • Les écoles d’Afrique du Nordl’Ecole des élèves Aspirants de Cherchell. 
     Fin 1942, les Allemands, envahissent la zone libre et ferment les écoles d'officiers qui assuraient le renouvellement des cadres de l'Armée d'armistice. A partir de novembre 1942, plus aucun établissement n'était en mesure d'assurer la formation des chefs de section. C'est pour pallier à cette carence et pour assurer le renouvellement indispensable de l'encadrement des corps de troupe que le haut-commandement d'Alger prit, dès la fin du mois de novembre 1942, la décision d'ouvrir une nouvelle école d'élèves-officiers à Cherchell (Algérie) et Médiouna (Maroc). Tout d’abord appelée Centre d’Instruction d’élèves Officiers , l’école prendra ensuite les appellations d’Ecole des Aspirants élèves d’Afrique Française du Nord en avril 1943 puis d’Ecole Militaire Interarmes le 1° janvier 1944.
     Le camp de Médiouna, près de Casablanca, n'a accueilli qu'une seule promotion d'élèves-aspirants : la promotion Weygand (janvier-mai 1943). Ce sera ensuite le camp de Cherchell qui sera le centre de formation jusqu'en juin 1945. Elle forma plus de 5000 jeunes gens, en cinq promotions. Tous n'y ont pas obtenu le galon d'aspirant ou de sous-lieutenant (entre 20 et 30% des candidats de chaque promotion ne sont sortis qu'avec un galon de caporal ou sergent), mais tous s'y sont instruits pour vaincre, pour libérer le pays occupé, puis pour le servir dans les conflits ultérieurs. 525 d'entre eux ont laissé leur vie sur tous les champs de batailles entre 1943 et 1962 : Corse, Italie, Libération de la France, Allemagne, Indochine, Corée, Algérie, etc.

     L’origine des élèves (très hétérogène) a été en constante évolution. Si les français originaire d’AFN étaient majoritaires au début ( anciens de l’armée d’Afrique et des chantiers de jeunesse) les métropolitains sont ensuite devenus largement majoritaires des les deux dernières promotions. La formation a pour but de donner à tous les élèves les connaissances d’un gradé d’infanterie. Après un tronc commun, les élèves sont ventilés dans  les unités d’arme (où leur spécialité leur était enseignée). Dès la seconde promotion, l’instruction militaire de base sera dispensée directement dans des pelotons constitués par des élèves destinés aux mêmes armes.

     La formation bien qu’étant axée sur des cours pratique a vue apparaître pour la première fois l’enseignement audiovisuel par le cinéma et par la simulation. Le parcours du combattant aujourd’hui généralisé a également été expérimenté pour la première fois à Médiouna.

     L'école de Cherchell est méconnue. C'est pourtant elle qui a permis la survivance des écoles d'armes pendant la seconde partie de la guerre. C'est également d'elle que sont directement issues les deux écoles qui forment aujourd'hui la quasi-totalité des officiers de l'Armée Française. En effet, l'E.S.M. et l'E.M.I.A. ont toutes deux été transférées de Cherchell à Coëtquidan en juin 1945.

     Par le nombre de ses élèves et par la part qu'ils ont prise dans les combats de la Libération et de l'après-guerre, l'Ecole des Elèves-Aspirants de Cherchell-Médiouna est sans conteste la plus importante école française d'officiers de la seconde guerre mondiale.

  • En Afrique Equatoriale Francaise : L’Ecole des Aspirants de Brazzaville.
     Entre 1941 et 1942, cette école formera 136 Officiers dont 26 mourront pour la France.

  • En Syrie : 
    • L’Ecole de Beyrouth : dans la même période, cette école formera 130 élèves en deux promotions.
    • L’Ecole Militaire d’Homs : elle forme les officiers destinés aux opérations spéciales.
    • L’Ecole de formation des aspirants d’administration du service de l’intendance de la France Libre : installée à Beyrouth elle fonctionnera de 1943 à 1944.
  • En Indochine : L’Ecole Militaire d’Infanterie et d’Artillerie de Tong.
     En automne 1942, le commandement coupé de la métropole décide de la création d’une école militaire interarmes dans l’esprit de Saint-Maixent et de Poitiers mais adaptée aux théâtres d’opérations d’Extrême-Orient. 109 élèves y seront formés en cinq promotions de un ou deux ans. Lors du coup de force des Japonais le 9 mars 1945, 20 élèves trouveront la mort.


C – L’EMIA des origines à nos jours.

     En juillet 1945, l’Ecole Militaire Interarmesrejoint la lande Bretonne et le camp de Coëtquidan devenant « l’école unique pour une armée unie » chère au Maréchal de Lattre de Tassigny. Dans cette nouvelle école les officiers semi-directs et les officiers directs sont formés dans le même cadre et suivent les mêmes cours.

     En 1947, l’école prend l’appellation d’Ecole Spéciale Militaire Interarmes. Le drapeau adopté est celui de Saint-Cyr , celui de l’EMIA est dépose au musée du souvenir. C’est en 1951 que la formation sera dissociée ; l ’école comptera alors un bataillon semi-direct et deux bataillons directs.

     En 1961, le général de Gaulle décide de scinder l’ESMIA en deux écoles distinctes :

     L’EMIA qui formera les officiers de recrutement interne et l’ESM qui formera les officiers d’origine directe. L’EMIA reprend la devise de Saint-Maixent :
 

« Le travail pour loi, l’honneur comme guide »

     Les élèves de l’école sont recrutés sur concours, au terme d’une année passée au peloton préparatoire de l’école militaire de Strasbourg. Ils sont répartis en deux brigades qui constituent l’unité de base pour l’instruction. Leur scolarité dure un an et elle est régie par trois grandes directions :

                - la direction de l’instruction militaire ;
                - la direction de l’enseignement général ;
                - la direction de l’entraînement physique militaire.

     Sur décision du ministre de la défense la formation est modifiée en 1986. La réforme porte sur cinq points :
                - la suppression de l’école de Strasbourg ;
                - la durée de la scolarité portée à deux ans ;
                - l’augmentation de l’ancienneté requise pour présenter le concours ;
                - l’ouverture du concours aux officiers de réserve en situation d’activité ;
                - l’attribution du diplôme de l’EMIA.

Les promotions sont composées d’environ 135 anciens sous-officiers et d’une quinzaine d’élèves étrangers dont les pays ont des accords de coopération avec la France.

     Depuis ce temps, les Elèves Officiers d’Active de la Deuxième Brigade et les Sous-Lieutenants de la Première Brigade se côtoient pendant un an ce qui permet de faire vivre les traditions en créant une continuité entre les promotions.

     2004 devrait voir aboutir une grande réforme de l’EMIA.